lundi 22 juin 2015

Arthur de Bougrenet de La Tocnaye, deuxième maire de La Turballe (1874-1881).

Arthur de Bougrenet de la Tocnaye (1841-1883) : zouave pontifical (1860-1870), Volontaire de l'Ouest (1870-1871), deuxième maire de La Turballe
(1874-1881)



L'épisode des zouaves pontificaux (1860-1870) et des volontaires de l'Ouest (1870-1871) est une page méconnue, voire oubliée de l'histoire de France comme de l'histoire locale. Pourtant, Guérande, pour se limiter à cette seule commune, a fourni sept zouaves pontificaux et huit volontaires de l'Ouest. Souvent très jeunes, ces hommes, amis, passés par les mêmes institutions religieuses, parents quelquefois, sont allés, jusqu'au sacrifice de leur vie, combattre en Italie et défendre les États pontificaux de Pie IX (pape de 1846 à 1878).
Parmi ces engagés guérandais, figure une personnalité atypique appartenant à une vieille famille noble et catholique du comté Nantais : Arthur de Bougrenet de La Tocnaye, deuxième maire conservateur, de 1874 à 1881, de la Turballe, jeune commune fondée en 1865, qui vient de célébrer, en juin 2015, le cent cinquantième anniversaire de sa création.
Ce travail de recherche complète celui, généraliste, du colonel Legrand, paru en 1970, dans le numéro 17 des cahiers des amis du pays de Guérande et celui de Patrick Nouaille-Degorce1, publié, en 2014, dans le numéro 59 sous le titre « Les zouaves pontificaux du Pays guérandais ».


Arthur de Bougrenet de La Tocnaye en tenue de zouave pontifical (collection Patrick Mahéo).

Acte de naissance d'Arthur de La Tocnaye.
Rectificatif du jugement du tribunal de Nantes du 12 août 1875 à gauche.


Une famille noble de vieille extraction.

Le comte Arthur-Marie-Anne de Bougrenet de La Tocnaye naît à Guérande le 3 août 1841. Il est le fils cadet d'une fratrie de sept enfants, issus de l'union le 23 janvier 1838, à Guérande entre Louis Antoine de Bougrenet de La Tocnaye (Nantes 3 mars 1814 - Guérande 14 novembre 1892), propriétaire et d'Anne Marie Françoise dite Anna Fournier de Pellan (Saint Germain en Laye 13 novembre 1815 - 17 septembre 1871), fille du comte Jean-Louis Marie Fournier de Pellan (1753-1831), ex-page du duc de Penthièvre, maréchal de camp en 1815, commandeur de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis et officier de la Légion d'honneur, propriétaire à Guérande du château de Bissin. Sa naissance est déclarée par son père, accompagné de l'oncle François Fournier de Pellan, maire de Guérande de 1848 à 1849 puis de 1855 à 1860 et du docteur Émile Meresse également maire de Guérande de 1854 à 1855, qui a mis le nouveau-né au monde.
Le couple a déjà une fille Marie-Anne née en 1839, décédée en 1858. Une seconde naît en 1847 : Anne-Marie-Mélanie dite Anna, décédée en 1873. Il aura cinq fils dont Arthur qui portent tous comme second et troisième prénoms ceux de Marie et de Anne, une tradition des Fournier de Pellan : Ludovic-Marie-Anne (1844-1876), ordonné prêtre en 1869 ; Henri-Marie-Anne (1850-1920), sous-intendant militaire de première classe, mis à la retraite d'office, officier de la Légion d'honneur ; François-Marie-Anne dit Frantz (1852-1908), capitaine au 115 ème régiment territorial d'Infanterie, chevalier de la Légion d'honneur le 25 décembre 1895 ; Louis-Marie-Anne né en 1856, dont on perd la trace à Bône, en Algérie depuis 1893.
Arthur descend d'une famille noble, originaire de l'actuelle Loire Atlantique (Saint-Père-en-Retz, Sainte-Marie-sur-mer près de Pornic, Thouaré) de vieille extraction, remontant à 1401, année où « Jehan de Bougrenet, seigneur de La Rouaudière, au pays de Retz, en la paroisse de Sainte-Opportune, rendit aveu à Jeanne de Navarre, duchesse de Bretagne, pour sa seigneurie de la Rouaudière le 2 mai 1401 »2. Gilles de Bougrenet, son fils aîné, est « compris dans la réformation des feux de l'évêché de Nantes en l'année 1429 pour l'hébergement noble et ancien de la Rouaudière »3. Un Pierre Bougrenet comparaît en 1447, à la réformation du diocèse de Nantes, « avec sa métairie franche, combien qu'on dise qu'il n'est pas noble »4. De 1426 à 1513, la famille figure régulièrement aux réformations et montres de la noblesse du diocèse de Nantes, parmi les gentilshommes de Sainte-Opportune et de Bouaye. Un lointain descendant, Joseph, fils de René et de Jacquette Le Borgne, dame de la Roberdière, époux de Marguerite Rambaud, (avril 1680) est maintenu, sur preuves de six générations, dans sa noblesse d'ancienne extraction le 30 avril 1669, par arrêt des commissaires royaux de Louis XIV, chargés d'enquêter sur les faux nobles, bénéficiant, à ce titre, d'exemptions fiscales5. Jacques-Pierre de Bougrenet fait enregistrer, le 6 novembre 1739, ses titres de noblesse au conseil souverain de La Martinique, où il s'est établi. Jacques-Louis, son fils aîné, né en 1767, issu de son second mariage avec Julienne Fresneau, produit, en 1788, ses titres de noblesse pour être admis aux honneurs de la Cour ; en particulier il brigue celui de monter dans les carrosses du roi quand éclate la Révolution6.
Comme toute famille noble, les de Bougrenet de La Tocnaye possèdent des armoiries qui sont : « d'or à un lion de gueules semé de macles d'or sans nombre » et une devise « De toute bougrerie net », tournée, dit une tradition, par le roi H.enri IV après un trait de loyauté d'un Bougrenet de La Tocnaye7.
Initialement la famille s'appelait de Bougrenet. Elle vivait sur ses terres de La Rouaudière, dans le pays de Retz. A la faveur de son mariage avec Anne de Botterel, le 27 mai 1574, Pierre Bougrenet put ajouter à ses titres la qualité de seigneur de La Tocnaye et la terre noble apportée en dot, du même nom, située en la paroisse de Sainte- Marie, près de Pornic. Cette terre ainsi que celle de Laumondière possédée par la famille a été confisquée sous la Révolution et vendue nationalement.



La famille de Bougrenet de La Tocnaye, passée avec Louis-Antoine du pays de Retz à la presqu'île guérandaise, est très attachée à ses titres et à son rang. Arthur et son père, Louis-Antoine saisissent, le 12 août 1875, la première chambre du tribunal civil de Nantes pour  omission de la particule de noblesse devant Bougrenet, par un officier public de la commune de Thouaré, le 21 thermidor an V (8 août 1797), sur l'acte de mariage de leur aïeul Alexandre Charles avec Dorothée Mosnier de Thouaré. Cette « inexactitude qui s'est reproduite dans tous les actes postérieurs de la famille (au total, huit actes de naissance, trois de mariage) » est reconnue par le tribunal comme une « faute d'attention inexcusable de la part de l'officier public, une inadvertance faisant échec à la possession quatre fois séculaire de la particule portée sans interruption ». Arthur et son père obtiennent réparation du préjudice : le tribunal ordonne le rétablissement de la particule devant le nom patronymique de Bougrenet. Les registres des mairies concernées : Guérande, Thouaré, Nantes, Nouic dans la Haute Vienne, devront être corrigés, en conséquence. L'acte de naissance d'Arthur fait référence, en marge, à gauche, à ce jugement du 12 août 1875.

    Quelques célébrités familiales.

Arthur compte des ancêtres qui se sont illustrés dans divers domaines : religieux, marine, politique, militaire... La famille de Bougrenet de La Tocnaye se serait inventé un croisé parmi ses ancêtres, pour valoriser ses origines. En 1842, elle produit, en effet, avec deux cents autres familles nobles, une « charte de croisade »8, issue de l'officine Courtois, du nom d'un homme d'affaires véreux, trois fois failli, faisant le commerce de fausses chartes. Ce document acheté à prix d'or par la famille (400 à 500 fr) attestait qu'en 1248, un Olivier de Bougrenet accompagna, saint-Louis en Terre Sainte lors de la septième croisade. L'acte précisait aussi que voulant se rendre à Damiette, en Égypte, avec l'armée chrétienne, en avril 1249, Olivier chargea un certain Hervé, maître du navire La Pénitence  de fréter un bâtiment en son nom. Grâce à cette charte de croisade de la collection Courtois, la famille de Bougrenet fut admise aux honneurs de l'une des quatre salles des croisades, puisqu'un de ses ancêtres s'était croisé. Cette manifestation était organisée sous Louis-Philippe, au palais de Versailles. Malheureusement, l'acte sur lequel la famille s'appuie n'est pas authentique9. Il a été fabriqué par deux faussaires remarquables, Eugène-Henri Courtois qui a donné son nom à la collection et Paul Letellier, copiste passionné de généalogie. Celui-ci démarchait les familles nobles pour leur vendre, à un prix très élevé, de fausses chartes et de faux ancêtres. Des doutes s'élevèrent bien lors de la ruée de nobles vers la salle des croisades mais la dispersion des originaux dans les familles empêcha leur étude. Ce ne sera qu'en 1956, que les Archives Nationales, en possession d'exemplaires originaux, purent conclure, à partir notamment du format, des caractères d'écriture, de la nature du support, à la mystification de la collection Courtois et à leur absence de toute valeur historique. De nombreux historiens, dans l'intervalle, furent abusés par ces fausses chartes de croisade qui flattaient la vanité des familles nobles.
Jehan de Bougrenet, seigneur de la Rouaudière, à qui remonte la famille de Bougrenet, sert comme capitaine, en 1413-1414, sous les ordres du duc de Guyenne, fils aîné de Charles VI10. Son fils, Pierre, fut fait prisonnier au siège de Champtoceau, avec les partisans des Penthièvre, enfermé avec le duc de Guyenne, en 142011. Un autre Pierre Bougrenet, son neveu ? est l'un des gentilshommes qui reçurent « mandement du duc de Bretagne», le 22 février 1484, pour la défense du Loroux-Bottereau et pour participer, comme archer, à la garnison de Nantes12.
Gilles, fils de Jehan, figure dans l'entourage d’Henri IV.
Jean-Pierre, né le 9 février 1769, en la paroisse de Saint Vincent de Nantes, fait les campagnes, lors de la Révolution entre 1792 et 1797, en qualité de capitaine du génie, sous les ordres du prince de Condé.
Jacques-Louis, son frère aîné, fut page, à 13 ans du frère de Louis XVI, le comte de Provence, puis, en 1781, lieutenant d'infanterie au régiment de ce prince, en garnison à Metz. Il fut le seul de son régiment à refuser, en 1791, de prêter serment à la Nation. Condamné à mort par la Convention, il fut contraint d'émigrer. Il gagna Turin, Aix, Bâle, Coblence, puis en 1792, Maastricht, Rotterdam, Londres où il arrive fin décembre et où il rencontre Chateaubriand. S'ennuyant dans le milieu oisif et aigri des émigrés, il visite à pied à partir de mai 1793 l'Europe. Il parcourt d'abord la Grande Bretagne, séjourne un an à Édimbourg, plusieurs mois à Dublin. En 1798, il part pour la Suède, reçoit à Stockholm des mains du roi de Suède un fusil d'or exposé au musée de la Chasse et de Nature, à Paris. Il poursuit sa route jusqu'à la Laponie, passe à Copenhague. A l'accession de Napoléon, il rentre en France, en 1802. A la Restauration, il est élu maire de Bouguenais et le reste jusqu'à sa mort, le 4 octobre 1823, dans son château du Désert.


Cet infatigable voyageur, polyglotte, a consigné ses souvenirs de voyage, dans des ouvrages imprimés à ses frais, qui sont une mine d'informations sur les mœurs et coutumes des pays traversés : Promenades autour de la Grande Bretagne (Édimbourg 1795), Promenades d'un Français en Irlande ( Dublin 1797), Promenade d'un Français en Suède et Norvège ( Brunswick 1801). La publication est un tel succès que les ouvrages doivent être traduits en anglais et en allemand13. Éclectique, il a aussi livré ses réflexions politiques dans Les causes de la Révolution en France et les efforts de la noblesse pour en arrêter les progrès ( Édimbourg 1797. Réédition par Alain de La Tocnaye en 1990).
Le benjamin, Alexandre-Charles (1772-1826), un moment tenté par le sacerdoce, fait carrière dans l'administration. Il sera successivement chef de bureau chargé des Ponts et Chaussées à la préfecture de Nantes de 1807 à 1810, puis chef de division chargé des domaines et des finances à la préfecture de Nantes, de juillet 1810 à juin 1815. Après avoir été destitué pendant les Cent jours, il se voit attribuer la sous-préfecture de Paimboeuf, le 2 août 1815, poste qu'il occupera jusqu'en 1826. Il prévoit un réaménagement coûteux des rues du centre-ville de Paimboeuf qui ne sera pas réalisé pour cause de finances publiques mais qui lui vaut d'être surnommé le « Haussmann » paimblotain14. Reconnu comme « l'un des meilleurs sous-préfets du royaume et l'un des plus estimables hommes qu'on puisse rencontrer »15, il reçoit, le 19 mai 1825, la Légion d'honneur, une récompense qu'il briguait depuis 1814. Il figure sur la liste des 550 plus imposés de Loire Inférieure en l'an XI et en 1809. Cette richesse explique sa présence sur les registres du collège électoral du département en l'an XII. Il meurt d'une affection de poitrine, dans ses fonctions, le 23 mars 1826, laissant de nombreux descendants, au total douze dont quatre décèdent en bas âge, trois meurent prématurément. Parmi les cinq enfants parvenus à l'âge adulte, figure, Henri- Marie, né à Nantes le 17 septembre 1807, capitaine de frégate en 1848, décoré de la Légion d'honneur par le Ministre de la Marine le 18 septembre 1839, promu officier le 6 octobre 1849, décoré chevalier de l'ordre de Léopold par le roi des Belges, le 12 avril 1850. Mais Celui-ci préfère démissionner, renoncer à une brillante carrière plutôt que de prêter serment de fidélité à Napoléon III . Il se retire alors dans sa propriété de la Chataigneraie, à Haute Goulaine. Louis-Antoine de La Tocnaye, le père d'Arthur, est son frère cadet et le dixième enfant du sous-préfet.
Une solide formation, au collège jésuite Saint-François-Xavier de Vannes.

Arthur, d'abord, suit l'enseignement primaire au petit séminaire de Guérande, de 1850 à 1854 (comme son frère Ludovic de 1851 à 1854), il porte le n°3 sur les registres. Puis il part faire ses humanités au collège Saint-François-Xavier de Vannes, comme un certain nombre de zouaves pontificaux. Il entre sous le matricule 268, le 11 octobre 1854 en 5ème, deuxième section, passe en 1855 en 4ème deuxième section, est en 1856/1857 élève de troisième. Son frère Ludovic l'accompagne, celui-ci fréquente l'établissement de la 5ème à la classe de philosophie jusqu'en 1862. Ses deux autres frères Henri , de 1859 à 1864, puis Frantz , de 1861 à 1866, y seront aussi scolarisés. Arthur appartient à la même promotion (1860) que Guy Roux de Casson, Emmanuel de la Villéon, Théophile de Tinguy, Xavier de Kerampuil. Il est un élève qui figure régulièrement au tableau d'honneur, qui reçoit des témoignages réguliers,-- pour sa bonne conduite et son application, en décembre 1854 ; en février-mai-juin-juillet-décembre 1855 ; en janvier-février-mars-mai 1856 ; en janvier-mars 1857. Il se fait remarquer pour son dévouement et son abnégation, et aussi pour la fermeté de son caractère. Il quitte l'établissement le 16 août 1857 : la note e-io , la plus basse dans l'échelle, lui est attribuée en conduite et en succès scolaires (e= Passable, io : très mal). Cette notation calamiteuse explique sans doute son départ (renvoi?) de Saint-François-Xavier. Mais à l'époque, il faut peu de choses pour être renvoyé.
Cet établissement jésuite installé dans l'ancien couvent des Ursulines, créé en 1850, accueille des enfants de familles aisées de l'aristocratie foncière de la région bretonne de Quimper à Nantes. Il est dirigé, de 1850 à 1861, par le révérend père Pillon « éducateur modèle », auquel les élèves sont très attachés : en juin 1861, vingt-trois d'entre eux dont Arthur réunis à Agnani, envoient, pour sa fête, au supérieur, une photo de groupe, accompagnée de ce texte écrit par Henri Le Chauff de Kerguenec, de Saint-Molf16 : « Malgré notre éloignement du collège, nous n'avons garde, d'oublier, sur notre terre d'exil, son bon et vénéré Recteur. Nous sommes, en ce moment aux zouaves, plus de soixante formés par ses saintes mains. Zacharie du Réau nous a suggéré l'idée de nous faire photographier tous ensemble et d'offrir ce groupe au révérend père Pillon. L'idée a été adoptée avec enthousiasme et mise sans délai à exécution. Pourvu que notre cadeau arrive à temps !»17


A cette photo est joint un poème d'Henri , hommage et témoignage de tendresse à leur ancien directeur :
« … C'est toi qui leur a appris le chemin du devoir,
Toi qui les préparas à leur noble carrière... »


L'établissement jouit d'une excellente réputation et vise à former une élite. Le baccalauréat ( 50% de réussite) n'est pas une priorité. L'éducation est à la fois physique, intellectuelle et morale. Le corps, d'abord, est entretenu par des jeux (quilles, marelles, jeux de balle, jeu de soule, ancêtre du rugby à coups de crosse de châtaigniers avec distribution de coups aux jambes et à la tête), par le sport (escrime), par des promenades de plusieurs heures au grand air et au soleil, par des excursions. Le but est de forger le caractère, de renforcer la volonté, la combativité. L'enseignement, lui se concentre sur la littérature, en particulier le théâtre, la grammaire, les langues vivantes, l'histoire-géographie à partir de la seconde, la physique, l'histoire naturelle et surtout les lettres classiques (latin-grec). Car la langue de Cicéron « l'instrument le plus merveilleux de raisonnement, de logique spontanée… qui s'adresse à la fois à l'intelligence, à la sensibilité et développe le goût, l'imagination, la mémoire, le discernement, la formation de la pensée », domine.En 1858, au concours général de version latine, deux élèves de Saint-François-Xavier figurent à la première et troisième place. On contraint les élèves à parler en latin, à la récréation, à penser en latin. Un véritable bain linguistique, avant l'heure, en quelque sorte. En outre, l'esprit de compétition est favorisé par des joutes littéraires et des concertations publiques. L'éducation religieuse, enfin, celle du cœur, n'est pas pour autant négligée, bien au contraire. La piété est inculquée, la journée est rythmée par les prières et les messes.Toutes les fêtes religieuses sont célébrées. La générosité, la charité sont entretenues par des collectes de fonds, afin de sensibiliser à la misère, à la pauvreté. Le courage, le désintéressement, le sacrifice de soi-même font partie des valeurs enseignées. Des punitions telles que les pages d'écriture, les arrêts au pain sec et à l'eau plusieurs jours, dans les cas extrêmes, sont appliquées ; des récompenses, sous forme de mentions ou des faveurs sont accordées : mieux vaut recourir à la crainte du déshonneur qu'aux coups. Des responsabilités sont confiées aux élèves : bibliothèque, courrier, goûter, sonnerie de la cloche.
Pour mener à bien ce programme complet et ambitieux d'éducation, l'emploi du temps des élèves est chargé. Les cours commencent du lundi au samedi à 7h10, s'enchaînent à un rythme soutenu, s'achèvent à 21h. Le dimanche, la journée est allégée : les cours sont dispensés, le matin seulement, de 7h25 à 11h5718.

Le régime habituel est l'internat. Les élèves quittent deux à trois fois par an le collège aux petites vacances (trois à quatre jours), peu nombreuses et aux grandes vacances, plus longues (du 15 juillet au 1er octobre). Ils vivent loin de leur famille, dans un véritable microcosme. Les absences sont interdites sauf exceptions autorisées.

    Ces méthodes éducatives, à la fois traditionnelles et modernes, parfois sévères sont destinées à former des êtres équilibrés, épanouis, aguerris, d'une foi ardente, prêts et fiers de donner leur vie pour un idéal religieux. Ce n'est pas tout à fait un hasard si beaucoup de zouaves pontificaux sont passés par le collège jésuite Saint-François-Xavier de Vannes. Le pape Pie IX, pour lequel ils s'engagent entre 1860 et 1870 lorsque l’État pontifical est menacé d'annexion au royaume du Piémont, le reconnaîtra : « De tous les collèges, aucun ne m'a donné autant de défenseurs que celui de saint-François-Xavier ». Sur les 150 élèves du collège qui prirent part aux combats, vingt-neuf sacrifièrent leur vie à la cause pontificale. Un monument inauguré le 19 juin 1878 a été érigé à leur mémoire dans la chapelle du collège. De par leur formation initiale, les élèves des jésuites avaient vocation à être recrutés pour secourir le saint Siège, au péril de leur vie. Le serment prêté par les troupes pontificales est sans ambiguïté :  « Je jure de servir notre très Saint-Père le pape Pie IX et ses légitimes successeurs avec honneur et fidélité et de sacrifier ma vie même pour la défense de sa personne auguste et sacrée, pour le soutien de sa souveraineté et pour le maintien de ses droits... »19.
Intérieur de la chapelle de Saint-François-Xavier de Vannes; au fond, plaque commémorative des élèves de l'établissement morts pour Pie IX.


Des zouaves pontificaux aux volontaires de l'Ouest : la carrière militaire.

Après avoir quitté le collège Saint-François-Xavier, pour des raisons inconnues (indiscipline? Santé ? Suit-il un jésuite de Saint-François-Xavier ? vocation sacerdotale ?), Arthur continue et termine ses études, de 1857 à 1859 ou 1860, au collège jésuite Saint Clément de Metz, qui a aussi fourni des zouaves pontificaux (Paul Doynel, mort à Mentana ; Lanfranc de Beccary, dont la jambe gauche, à Castelfidardo, est traversée par trois balles, les frères Auguste, Léon, Anatole Thiriet …). Sur les registres du collège, il est inscrit comme interne le 15 septembre 1857. Il fréquente, d'abord, la classe de seconde 3, cours de sciences élémentaires, 2ème année, 2ème section, puis il passe en première S, études sciences. Il quitte l'établissement, en mars 1859, une fois encore, sans que l'on en trouve l'explication.

Arthur, à 19 ans, répond à l'appel au secours de la papauté lancé, dès mai 1860, relayé par le général Lamoricière, le vainqueur d'Abd-el-Kader. Au premier signal, il quitte la France et s'engage sous la bannière pontificale. Il est détaché comme infirmier, à un moment où le choléra fait rage. Il s'acquitte avec énergie de sa tâche. Un soir, il sent les premiers symptômes de la maladie : frissons, ses dents se serrent, ses yeux deviennent ternes et son regard fixe. Malgré ses vives douleurs, il parvient à se lever, à saisir une fiole placée auprès du lit d'un camarade qui venait de succomber, il la porte à ses lèvres et s'endort paisiblement. Il se recommande à Dieu et à sainte Anne, la patronne des Bretons à qui il attribue sa guérison20. Il prend part à la bataille de Castelfidardo le 18 septembre 1860, voit sous ses yeux beaucoup de compagnons mourir. Après la capitulation de Lorette et d'Ancône, il rentre dans sa famille à Guérande, puis revient dans la ville éternelle. Il est réinscrit , le 30 novembre 1860, dans le corps des tirailleurs franco-belges, comme soldat de seconde classe, sous le matricule 528. Ce bataillon, crée dès le 1er juin 1860, dirigé par le commandant de Becdelièvre, devient celui des zouaves pontificaux. Arthur y est incorporé sous le matricule 217, le 1er janvier 1861. « A mon arrivée à Rome, écrit Henri Le Chauff, j'ai eu la bonne fortune de tomber sur Arthur de la Tocnaye, déjà vieux soldat de quinze jours »21.
Arthur gravit progressivement les échelons, comme bon nombre de ses camarades :   « Maurice du Bourg, Henri de Bellevue, Rabé, Lebailly... sur qui les grades de sous-lieutenant, lieutenant, capitaine vont pleuvoir d'ici quelques mois »22. Arthur est promu caporal, le 21 mars 1861 ; sergent le 21 octobre 1861 « ce brave Arthur vient d'être nommé sergent ce matin et passe dans la cinquième compagnie »23 ; il est sergent vaguemestre à Marino24 avec pour tâche de « distribuer les lettres »25. A Filettino, il est « à la tête de 25 hommes et de 3 gendarmes », ce qui arrache à Henri un cri d'admiration : « Peste ! Monsieur ! C'est un vrai commandement ! Même si le logement ne suit pas : « une méchante bicoque lui sert de quartier général »26. Le 6 novembre 1866, il passe sergent-major, puis adjudant le 1er janvier 1867, sous-lieutenant le 3 août 1867, lieutenant le 23 novembre 1867. Le 27 décembre 1868, il accède au grade de capitaine. Il participe à la bataille de Mentana, le 3 novembre 1867 où les zouaves pontificaux, très inférieurs en nombre, (1500 hommes) luttent avec acharnement contre l'ennemi, galvanisés par les mots du lieutenant-colonel de Charette : «  En avant, Zouaves ! A la baïonnette : si vous ne venez pas, j'irai tout seul ! ». Pour sa bravoure, Arthur reçoit la médaille pontificale Pro Fide et Virtute, dite de Mentana créée par le pape Pie IX. Il combat aussi à Monte-Rotondo et à Civita-Vecchia. Il défend Rome assiégée en 1870 qui finalement capitule le 20 septembre.
A cette date, les Etats pontificaux sont entièrement occupés et Rome devient capitale de l'Italie unifiée.

Groupe de zouaves pontificaux à Mentana




Délié du serment de fidélité envers le Saint Siège, le 20 septembre 1870, il rallie les Volontaires de l'Ouest, corps créé par le lieutenant-colonel de Charette, en tant que capitaine de la sixième compagnie, le15 octobre1870. Il est chargé du recrutement . Pour montrer l'exemple, il enrôle son frère Frantz, âgé alors de 18 ans. Le 1er décembre 1870, avec le 17ème corps, il participe à la charge, à la baïonnette, sous les ordres de Charette, au petit bois, devant Loigny, contre les troupes prussiennes et témoigne d'une conduite héroïque. Le 9 janvier 1871, avec le premier bataillon auquel sa compagnie appartient, il quitte Le Mans, passe la nuit à Yvré-Levêque avant de rejoindre le 21 ème corps. Le lendemain, il part, sur la route de Saint Calais, dans une opération de reconnaissance et se trouve bientôt face à une brigade ennemie. Un terrible combat de retardement s'engage, avec de lourdes pertes. Le 11 janvier 1871, il participe à la reconquête du plateau d'Auvours, qui défendait Le Mans. Arthur fait, là encore preuve, dans cette bataille, de bravoure. La croix de chevalier de la Légion d'honneur lui sera accordée le 29 juillet 1871 mais le brevet lui sera remis seulement... le 29 juillet 1877. « Je ne reviens pas sur l'affaire du Mans, écrit Arthur à sa mère. C'est un sujet qui m'est trop pénible. Trois de mes meilleurs amis sont tombés : le capitaine du Bourg, le capitaine Belon, le capitaine de Belleville... Je croyais bien, ma chère mère, ne plus vous revoir. Mon sacrifice était fait, j'étais résigné... » Une nouvelle fois, il se recommande à sainte Anne qui « a écarté les balles de sa poitrine »27. Il se distingue encore au combat de Sillé- Le -Guillaume, le 14 janvier 1871.

Les volontaires de l'Ouest. Arthur est assis au second rang,le cinquième à partir de la gauche.
Extrait de la liste des anciens élèves de Saint-François-Xavier de Vannes. Archives départementales du Morbihan.


Portrait d'Arthur par Henri Le Chauff.

Telle est résumée la carrière militaire d'Arthur de Bougrenet de la Tocnaye. Dans Les souvenirs des zouaves pontificaux,28 Henri Le Chauff, son condisciple et compatriote originaire de Saint Molf qui le connaît bien pour l'avoir côtoyé successivement au petit séminaire de Guérande, au collège de Saint-François Xavier puis à Rome, nous éclaire indirectement sur son camarade guérandais et sur la vie au régiment au service de la papauté.
Il nous révèle d'abord un détail physique sur le système pileux d'Arthur : celui-ci souffre de calvitie et dissimule sous son képi de zouave un crâne lisse : « Ces bons lignards nous ont légué trois espèces de taudis en guise de caserne avec des paillasses d'une propreté qui ferait dresser les cheveux d'Arthur de la Tocnaye, sur son crâne lisse, s'il était ici »29.
Il porte aussi la barbe : «Je vois d'ici le père la Tocnaye qui en30 rit et en pleure dans sa barbe»31 Arthur jouit d'une bonne constitution : il échappe par deux fois à une épidémie de choléra. La première fois, c'est à Rome, en 1860, que détaché comme infirmier, il contracte la maladie et en réchappe, grâce, selon lui, à sainte Anne32. Il y sera une seconde fois confronté, lors d'une nouvelle épidémie en août 1867, il sera encore épargné. D'ordinaire, il se porte bien : « Tous les Guérandais se portent à ravir... »33 ; « Arthur de La Tocnaye, Blévenec et les autres sont florissants de santé... »34. A la fin de l'année 1865, « il était très bien » écrit encore Henri35. La nature a doté Arthur d'une solide résistance physique . Les longues marches à effectuer ne l'éprouvent pas sauf une fois où Arthur est victime d'une petite défaillance : «  Le pauvre Arthur, contre son habitude et se trouvant sans doute en mauvaise disposition ce jour-là s'est abîmé les pieds, ce qui lui a occasionné une petite fièvre, heureusement de courte durée »36.
Henri nous révèle les goûts et les habitudes d'Arthur. Celui-ci est un bon vivant qui aime fumer le cigare. A l'occasion d'une de ses permissions dans la presqu'île guérandaise, Henri lui en rapporte, de la part de sa mère : «  A gauche et à droite de ce colis diplomatique, j'avais mis deux paquets de cigares d'un sou dont Madame de la Tocnaye m'avait chargé pour Arthur »37.
    Arthur apprécie aussi le vin, en consomme même plus qu'il ne devrait, ce qui lui vaut d'être en fâcheuse posture quand il faut passer devant ses supérieurs attablés dans la même osteria (auberge) « Nous étions très fatigués. On nous a apporté un vin blanc des Calabres, aussi jaune que du cognac de France dont nous ne soupçonnions pas la force. Nous en avons peut-être bu chacun une foliette, c'est-à-dire un demi-litre, pas davantage. L'estomac s'en est fort bien trouvé, la tête aussi, car à la fin de notre petit repas, nous nous sentions réconfortés… mais lorsque nous avons voulu nous lever, les jambes nous ont refusé le service : pas mèche de faire deux pas. Et il fallait repasser devant le général Kanzler et les officiers, toujours en portant l’arme. Pas drôle du tout. Un moment j'ai eu la chair de poule. Enfin après quelques essais satisfaisants mais assez répétés dans notre petite salle, nous sommes risqués à franchir le pas »38. « Nous n'étions pas plus gris que des tomates en pleine maturité ; seulement nous avions, ajoute plus loin Henri dans la même lettre, douze lieues dans nos pauvres jambes que ce diable de vin de Calabre nous a rudement cassées ». Ce penchant est confirmé39 : « Le gaillard (Arthur) a su par ses gendarmes en arrivant ici que le vin d'Affile se laissait boire et en a fait venir une petite provision ». Il affectionne aussi l'ambiance des cafés, on va le voir plus loin, et le jeu de dominos, quitte à ne pas respecter le règlement strict de la caserne.
Signes particuliers : Arthur ronfle fort et dans ses nombreux déplacements, est accompagné d'un chien qu'il a rasé jusqu'au milieu du dos et qu'il a nommé Kerguenille ou Loulou. « Cet horrible roquet, très fidèle à son maître et au bataillon, qui fait l'exercice et fume la pipe comme un vieux troupier » témoigne de l'espièglerie et de l'ingéniosité d'Arthur pour contourner le règlement ou du plaisir de la transgression. Pour tromper la vigilance du capitaine de Troussures qui inspecte tous les soirs, vers dix heures, le dortoir, Arthur a imaginé de placer dans son lit Loulou, coiffé d'un bonnet de coton. Pendant ce temps, il s'attarde au café et joue aux dominos. Le stratagème réussit : « Loulou joua on ne peut mieux son rôle, ronflant comme un vieux sapeur » au point que le capitaine n'y voit d'abord que du feu, allant jusqu'à déclarer en passant devant le lit d'Arthur : « Est-il permis de ronfler comme ce La Tocnaye ? » Mais un jour, le même capitaine eut la malencontreuse idée de se rappeler, en passant devant le ronfleur qu'il avait un mot pressé à lui dire le lendemain. Il s'approche doucement du lit ; à peine lui a-t-il murmuré en essayant de lui tirer l'oreille par-dessus le bonnet « De La Tocnaye, il faudra demain... » que Loulou, réveillé en sursaut, « lui saute à la gorge, en aboyant comme un vieux singe », réveillant ainsi tout le dortoir40. Le capitaine se contente de rire de cette facétie et ne sanctionne pas Arthur pour cet acte d'indiscipline. Loulou a droit à beaucoup d'égards, il couche dans un trou, sur une bonne couche de paille, sous la tente de son propriétaire qui doit s'en féliciter car l'animal lui a sauvé la vie, ainsi qu'à Henri Le Chauff, un après-midi alors que tous deux faisaient la sieste, sous la tente. Loulou les a avertis par ses jappements plaintifs et répétés, alors qu'ils dormaient d'un sommeil de plomb, de la présence « d'un énorme serpent, long d'un mètre et demi, gros comme la moitié du bras, en train de se faufiler entre nos couches et disposé à nous prendre à la gorge ou au nez si Loulou n'y eût mis le holà »41.

Mais surtout, Henri et son frère François ne tarissent pas d'éloges sur l'ami incomparable qu'est Arthur. Arthur est généreux: il offre la moitié de sa couche, à son arrivée à Rome, le premier jour, à Henri « qui n'a pu s'en procurer à cette heure tardive »42 ; ils sont inséparables, partagent leur temps libre. Quand ils sont réunis à Marino, ils vont en excursion soit six kilomètres « au lac d'Albano et à Castel-Gondolfo »43 ; ils font de « charmantes promenades »44 ; gravissent, à dos d'ânes loués, la montagne la plus élevée de la région de Marino, le Monte Cave45 (949 m). Ils échangent et « savourent les nouvelles du pays »46. Les deux hommes sont aussi associés dans les épreuves, ils enterrent deux des leurs : Guillaume Guillerm, 22 ans et Charles de Raimond, 18 ans qui ont péri noyés, un dimanche, lors d'une baignade au large de Porto d'Anzio. « Vendredi soir, j'allai avec Arthur et quelques camarades faire mes adieux... ; nous portions deux croix où étaient écrits les noms de nos deux chères victimes. Après les avoir plantées sur leurs tombes, nous récitâmes le De profundis et d'autres prières... »47
Henri, sujet à des fièvres rhumatismales, sait qu'il peut compter sur les visites d'Arthur, il confie48 : « Arthur, me sachant à Rome, est venu en toute hâte de Velletri voir quelle réduction la fièvre pernicieuse avait bien pu faire de moi et m'offrir ses services pour le cas où j'en aurais eu besoin. C'est toujours le même dévouement. Ah ! Nous ne nous lâchons pas , nous autres, quand la maladie vient nous ravager ». Le soutien d'Arthur ne se limite pas à la maladie, il s'exprime aussi dans l'adversité. Le 24 juin 1862, Arthur et Henri effectuent des achats dans une bijouterie de la rue Condotti, à Rome. Ils sont en train d'examiner un coupe-papier à l'effigie du pape. Un soldat appartenant à une patrouille de gendarmes français s'approche d'eux, s'esclaffe devant le portrait du pape. Henri, vexé, le reprend vivement et le chasse. Le militaire revient avec le chef de la patrouille qui arrête d'abord Arthur, en uniforme, victime d'une méprise. Celui-ci proteste  : « Je n'ai rien dit. Je suis gradé, ne me touchez pas, laissez-moi tranquille ». Puis Henri est reconnu par le soldat, arrêté, jugé et condamné à huit jours d'emprisonnement au Château Saint-Ange pour avoir insulté une patrouille, dans l'exercice de sa fonction. Arthur, avant la comparution d'Henri, se démène. «  Le soir même, il prenait des témoins, adressait trois rapports , l'un au pro-ministre des armes, l'autre au général Kanzler, le troisième au colonel Allet », n'hésitant pas à s'exposer. Convoqué chez le colonel commandant de la place, Arthur apprend qu'il risque la même peine d'emprisonnement qu'Henri car « son rapport ne concordait pas avec celui du gendarme ». Fort heureusement, cette peine est levée « en raison de la bonne entente entre l'armée pontificale et l'armée française (sic) »49. Le comportement chevaleresque d'Arthur justifie cet hommage de son frère François : « Arthur s'est comporté, en cette circonstance, plus en frère qu'en ami »50.
Les visites d'Arthur, aux petits soins pour son ami, réconfortent Henri : « J'ai été ravi de voir Arthur qui s'est ingénié pour me faire à peu près déjeuner »51.

Déplacements d'Arthur dans le Latium, en tant que zouave pontifical (villes de garnison soulignées)



Grâce aux souvenirs d'Henri, on suit aussi les déplacements fréquents d'Arthur entre le Latium et Rome, ses occupations. Le 26 janvier 1861, Arthur est présent à Passo di Correze, il participe à une attaque nocturne contre l'ennemi piémontais : « Arthur et moi, nous nous sommes rencontrés dans une maison dont nous venions d'enfoncer à coups de crosse une porte au premier étage... »52. En juin 1861, il figure sur la photo de groupe des anciens élèves de Saint-François-Xavier, prise à Anagni, cadeau destiné à marquer la fête du révérend père Pillon, que les zouaves n'oublient pas53. Il est, en octobre 1861, affecté « avec la 5ème compagnie », à Marino, « pays de cocagne des environs de Rome, une contrée superbe et très fertile »54. Il y est chargé de distribuer les lettres, « C'est vite fait. Ne nous en plaignons pas, ajoute Henri, qui commente : « C'est toujours autant de pris à l'ennemi »55. En avril 1862, Arthur quitte Marino, bivouaque à l'entrée de la forêt de Porto d'Anzio qu'il rejoint, au terme d'une longue marche, de 4 heures du matin à une heure et demie de l'après-midi. Il défile devant le pape Pie IX qui a rendu visite aux zouaves56. En juin 1862, Arthur « arrive de Marino à Rome », quand Henri est arrêté et emprisonné quinze jours au fort saint Ange57. En août 1862, Arthur attend sa mutation pour Céprano : « Arthur qui n'avait pas bougé de Rome bien que son lieutenant lui eût promis par trois fois de le laisser partir pour Céprano »58.
Aux premiers jours de l'année 1865, Arthur est à Rome, il assiste à un baptême et à une audience suivie d'une bénédiction papale59. Il bénéficie l'été 1865 d'une permission, revient au pays, visite, en 10 jours, avec Henri, renvoyé à Saint Molf pour des raisons de santé, « l'île Dumet, Belle Ile, Hoëdic, Houat »60. A leur retour, en débarquant à Piriac, le 13 septembre 1865, ils apprennent la mort du général Lamoricière, décédé l'avant-veille. A la fin de l'année 1865, Arthur est à Valmontone61, il rend visite à Henri. Les deux hommes se voient deux heures. Arthur lui confie « A Valmontone, la cinquième compagnie d'Arthur s'ennuie », elle n 'a « rien à faire que le service de la place »62. Un peu plus tard, il rend visite à Henri, à San Lorenzo, avec sa première compagnie, en attente d'un possible déplacement à Prossedi63. Puis il séjourne à Véroli64 : « Arthur, est , je crois, avec sa compagnie, la septième, à Veroli », ce qui se confirme65 : « Arthur est du côté de Véroli, où la semaine dernière, ils ont tué un brigand, en ont pris trois autres ».
En mai 1866, Arthur, à la tête de 25 hommes et 3 gendarmes, tient son quartier général dans une méchante bicoque d'Arcinazzo. Il doit rester quinze jours dans ce lieu de délices66. En septembre 1866, il est à Velletri où « la fièvre pernicieuse fait des siennes »67.
Comme on peut le constater, la vie de zouave pontifical, avec ses déplacements fréquents, son inactivité, l'attente des combats, la chasse aux brigands, l'omniprésence de la maladie ou de la mort, l'inconfort, les nuits blanches, n'a rien d'enviable ni d'exaltant. Henri se plaint, parfois, dans sa correspondance, de ses conditions de vie « Toujours en route par tous les temps, la grêle, la pluie, le tonnerre, la glace même… Toujours sur le qui-vive, alerte sur alerte, marches et contremarches, des factions de jour et de nuit… »68. Un peu plus loin, il poursuit : «  Nous sommes restés douze jours à Navazzo et… pendant ce temps là, nous en avons vu de rudes : presque pas de sommeil, toujours sous les armes, en reconnaissance, en faction ou en patrouille, ou bien embusqués sur les montagnes, dans les ravins pour tâcher de surprendre l'ennemi... ». « Marches quotidiennes... gardes... nuits blanches.. ; On ne nous épargne pas, nous sommes mis à toutes les sauces ». Mais ces conditions de vie rudes sont volontiers supportées : «  c'est, du reste, ce qu'il nous faut... d'autant plus que nos opérations offrent le plus grand intérêt »69.
Passeport d'Arthur de La Tocnaye, délivré par l'Ambassade de France, le 20 septembre 1862 (collection Patrick Mahéo).

Maire de La Turballe, révoqué par le préfet

Revenu à la vie civile, après la dissolution de la légion des Volontaires de l'Ouest, à Rennes, le 13 août 1871, Arthur s'installe au manoir de Bréhet, à l'entrée de La Turballe, sur la route de Guérande.
La propriété a été acquise, en 1841, contre 59 000 francs par son père qui la revendra, en 1881, pour 125 000 francs au commissaire de marine Léon Graton.
Les délibérations du conseil municipal de La Turballe gardent la trace de l'occupation du manoir de Bréhet par la famille de La Tocnaye. Lors de la séance du 25 février 1866, le président et premier maire de la Turballe, Alfred Pellier, « donne lecture d'une lettre adressée du Sous-Préfet, en date du 2 février 1866, par laquelle il prie Monsieur Le Maire, à la requête de Mr  de La Tocnaye, de bien vouloir continuer, dans toute sa longueur, le caniveau déjà commencé du pont de Bréhet ». Finalement, le conseil, estimant « que Mr de La Tocnaye exagère en disant que les prairies sont submergées par suite du refoulement des eaux retenues par l'aqueduc qui se trouve bouché, au maximum 2 hectares » rejette la réclamation de Mr de La Tocnaye qui n'est pas « motivée »70.

Vue actuelle du manoir de Bréhet occupé par la famille de La Tocnaye de 1841 à 1881.

Arthur épouse le 19 avril 1875, à Nouic, dans la Haute Vienne,Marie Genebrias de Fredaigue, née le 10 mars 1846, décédée le 19 novembre 1936 à Clamart, propriétaire. Marie est la cousine de son camarade d'armes, le capitaine aux zouaves pontificaux, Emmanuel Genebrias de Gouttepagnon. La cérémonie de mariage se déroule à Nouic, dans la Haute Vienne, au château de Fredaigue. Le général Athanase de Charette et le lieutenant Georges de Chergé, son meilleur ami, sont les témoins du marié. Dans une lettre à celui qu'il appelle « Mon bon vieux père la Toque », le général de Charette se réjouit de la « bonne nouvelle » et ajoute : « Ce qui me va le plus au cœur, c'est ta demande de te servir de témoin, que certes j'accepte et je serai fier et heureux de présider à ton bonheur car je suis sûr d'avance que tu seras heureux car pour toi surtout bonheur ne rime-t-il pas avec honneur ? ». Le couple aura deux enfants : Alain-Marie-Anne ( 23 août 1876 La Turballe-15 mars 1957 La Garde dans le Var) qui assurera la descendance, et Pierre-Marie-Anne (12 février 1879-28 janvier 1951), célibataire.
Entre temps, marchant sur les traces de son aïeul paternel, Jacques-Louis, maire de Bouguenais sous la Restauration jusqu'en 1823 et sur celle maternelle de son oncle François Fournier du Pellan, maire de Guérande, il s'est lancé dans l'activité politique municipale, avec succès : auréolé de son prestige de zouave pontifical, il est élu, à 32 ans, le 28 juin 1874, en présence du sous-préfet de Saint-Nazaire, qui « s'est transporté dans les lieux ordinaires des séances du conseil municipal » deuxième maire de La Turballe, une toute nouvelle commune créée en 1865, qui se scinde de Guérande. Ironie du sort : quelques années plus tôt, Arthur affichait son hostilité à la distinction de Guérande et de La Turballe. Il exerce cette mandature jusqu'au 23 janvier 1881, avec René Marie André comme premier adjoint et Jean-Baptiste Nicol comme second adjoint.



Pendant ces sept années, Arthur s'acquitte des tâches habituelles d'un maire : préparation et vote du budget annuel, révision des listes électorales, traitement des agents communaux, notamment du garde-champêtre, tarifs des concessions du cimetière, aides financières diverses tant à des particuliers (gratuité scolaire) qu'aux paludiers, par deux fois sinistrés, pendant cette mandature d'abord par un ouragan, en 1876 puis par une mauvaise récolte de sel en 1879. Dès sa prise de fonctions, le 6 septembre 1874, il décide, moyennant un bail de 150F, du transfert de local de la mairie, « dans la maison du sieur André René, qui se trouve dans une position beaucoup plus centrale et renferme un local pour les réunions d'une grandeur suffisante ». Il fait agrandir la place du marché, (18 décembre 1877), il dote de latrines le port (18 août 1878). Il se soucie des transports et des voies de communication : il fait voter le classement à titre d'intérêt commun du chemin vicinal de Lérat à Guérande (21 février 1875), de la route salicole de Queniquen à La Turballe, le 15 août 1877. La question du tracé de la route de Coispéan à Méliniac est abordée, le 8 décembre 1875 et le 21 septembre 1880. Le projet de construction du chemin vicinal du Requer (880 m) fait l'objet d'une enquête publique ; le projet est soumis et adopté lors de la séance du 11 janvier 1880. Le conseil municipal émet le vœu (13 juin 1875) que le chemin de fer de Saint-Nazaire au Croisic passe par la station de Guérande. La construction d'un mur pour abriter la cale servant à lancer le canot de sauvetage et à protéger les chaloupes dans le port est votée, à l'unanimité, le 18 février 1877.
Arthur ne se consacre pas seulement à l'aménagement du territoire communal, il s'investit aussi dans le domaine scolaire, son œuvre majeure. A l'heure où l’École constitue un enjeu national, il prend position en faveur de l'enseignement libre. Le 15 août 1875, il demande le renfort d'un deuxième instituteur car il est « impossible à un seul instituteur d'instruire 130 garçons » Il est à l'origine de la création d'une salle d'asile, ancêtre de l'école maternelle, dirigée par deux religieuses de la communauté de Saint Gildas ( le 3 octobre 1875). Cette salle est, pour lui, urgente : «  à cause de la pêche qui est commencée, les hommes vont sur mer, les femmes aux champs et aux usines, les enfants sont abandonnés sur les routes. Déjà, plusieurs accidents sont arrivés soit sur les quais soit sur la route ». Surtout, il s'attaque à la construction d'une nouvelle école de garçons , indispensable car les plafonds de l'ancienne s'écroulent en 1880. La réalisation de cette école lui vaudra bien des soucis : choix du terrain, expropriations délicates, recours à une commission d'experts pour accélérer les travaux, enquêtes publiques, financements...
Deux demandes présentées, pendant sa mandature, sont refusées : la première concerne l'établissement d'un parc à huîtres sur les rochers de Pleine main, considéré comme nuisible aux pêcheurs ; la seconde l'établissement d'une brigade de gendarmerie à La Turballe, rejetée lors de la séance du 21 mars 1880.

Pour avoir interdit l'inhumation d'un défunt (identité ?) enterré civilement, dans le cimetière de Trescalan, Arthur aurait été révoqué par le préfet de Loire Inférieure, Louis Herbette. Pourtant, sur les registres des arrêtés préfectoraux de 1880 et de 1881, nulle part il n'est fait mention de cette révocation alors que sur ces mêmes registres, des suspensions de maires sont notées : celle du maire d'Héric, le 27 septembre 1880 ; celle du maire de Sainte Pazanne, le 8 octobre 1880 ; celle du maire de Casson, du maire d'Orvault et de son adjoint, le 18 novembre 1880 . De plus, les quatre feuillets des registres de décès de la commune, numérotés de 14 à 17, soit sept décès, ont été visés et paraphés par le tribunal civil de Saint-Nazaire, le 24 novembre 1880, ce qui sous-entend des poursuites contre Arthur de La Tocnaye. Cet abus de pouvoirs par un maire qui impose ses idées personnelles, n'est pas un acte isolé. C'est pourquoi le législateur a cru bon de faire voter ultérieurement la loi du 5 avril 1884, pour éviter de telles dérives. L'article 93 rappelle à leurs devoirs les maires. Ceux-ci ont « l'obligation de pourvoir d'urgence à ce que toute personne décédée soit ensevelie et inhumée décemment, sans distinction de culte ni de croyance ». Mais dans une famille profondément catholique qui a donné des prêtres et qui s'est « fait remettre quatre clous ayant touché au Seigneur »71, un enterrement civil se conçoit mal.
Peut-être cette procédure disciplinaire n'est-elle pas allée à son terme, le désaveu des urnes de janvier 1881 a suffi. Le mandat d'Arthur, en tant que maire, se terminait et des élections municipales approchaient. Celles-ci eurent lieu, à la mi-janvier 1881. Arthur, apparemment éligible, fut sanctionné par les électeurs de La Turballe. François Naud, un républicain, l'emporta assez largement par 252 voix (125+127 dans les 2 bureaux de La Turballe et de Trescalan) devant Arthur qui ne recueillit que 153 voix (66 + 87).

Toujours est-il que l'homme, par cet acte s'il est avéré, est fidèle à la tradition familiale qui privilégie la fidélité des convictions aux honneurs : ses aïeux Jacques-Louis, Henri-Marie n'ont pas agi autrement. Ils ont préféré sacrifier leur carrière administrative, militaire pour se conformer à leurs opinions religieuses, politiques. Cette insoumission et cette intransigeance idéologique sont, semble-t-il, les signes distinctifs de cette famille. Elles se transmettent aux descendants, de génération en génération. Lors de son procès, en 1963, pour avoir attenté à la vie du Général de Gaulle, Alain de Bougrenet de La Tocnaye, arrière-petit neveu d'Arthur né en 1926, ex-membre de l'OAS, déclare fièrement à la cour militaire de justice, alors qu'il risque la peine de mort : « Ma famille, qui a donné à La France, des croisés, des chouans et des officiers, n'a jamais courbé l'échine devant ce que sa conscience considérait comme un parjure, une félonie ou un déshonneur... »72. Son fils Thibaut, étudiant brillant, fondateur et directeur d'entreprises, s'est engagé en politique dans les rangs du Front National73.
Après cet échec, Arthur abandonne toute activité politique municipale. Il disparaît de la scène turballaise définitivement. Arthur démissionne, simultanément, en février 1881, de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés de la Turballe qu'il présidait activement. Sa décision est regrettée mais irrévocable. Il se retire à Nouic, dans sa belle-famille.
Après avoir affronté la maladie ou la mort, plusieurs fois, sur les champs de bataille, cet aristocrate qui a évolué dans une famille légitimiste de propriétaires terriens, décalée, aux « idées qui sentent les trois à quatre cent ans »74, meurt prématurément, « muni des sacrements de l’Église » le 11 octobre 1883, à onze heures du matin, à Nouic au château de Fredaigue. Il n'a que 42 ans. Son corps est inhumé dans l'ancien cimetière de Guérande (voir photo ci-dessous), près de l'entrée. Sa tombe est surmontée de la croix de Mentana, bataille où il s'illustra en 1867.
Ainsi disparaît celui que l'auteur anonyme de la notice nécrologique salue comme « le soldat de Pie IX , toujours prêt à défendre le droit, la justice et la vérité » et « dont la vie peut se résumer en trois mots : bonté, bravoure, confiance en Dieu ».75



Sources et remerciements :
Patrick Mahéo, pour ses informations précieuses et ses documents.
Patrick Nouaille-Degorce pour ses remarques pertinentes.
Hervé Laigo, correspondant de l'association des Anciens de Saint-François-Xavier de vannes.
Christian Jouffroy, ex-élève du collège de saint Clément de Metz.
R.P Bonfils. Archives des collèges jésuites de centralisées à Vanves.
Archives diocésaines de Nantes.
Archives municipales de Guérande ( état civil), de la Turballe ( état civil, délibérations du conseil municipal).
Archives départementales du Morbihan.
Académie nationale de Metz.



Maryvonne TROCHET

1Patrick Degorce-Nouaille a soutenu, en 2005, une thèse sur les Volontaires de l'Ouest. Histoire et souvenir de la guerre 1870-1871 à nos jours, à laquelle cet article se réfère. 3 volumes. Atelier national de reproduction des thèses.
2Archives nationales, microfilm MM 815, Preuves de noblesse de la famille de Bougrenet faites par Chérin, généalogiste du roi, 5 avril 1788. p.507 à 516 ; extrait de la chambre des comptes de Bretagne.
3Gustave Chaix d''Est-Ange. Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables, à la fin du XIXème siècle. .VI. Bou-Bre. p . 77-80. 1907. Imprimerie de Charles Herissey.
4Ibidem.
5Mémoire de Bernard Cherin, généalogiste et historiographe du roi, cité plus haut..
6Ibidem.
7E. de Boceret. Devisaire de Bretagne. Vannes. 1894. Ed. Lafolye
8Charte de Nymocium citée par Hyacinthe -D. de Fourmont. L'Ouest aux croisades. Nantes, Forest et Grimaud , 1864, t. II, p.155-156 ; Gustave Chaix d'Est-Ange Dictionnaire des familles anciennes ou notables , à la fin du XIXème siècle . t.VI, Bou -Bre. P77-80. Imprimerie de Charles Hérissey. Evreux 1907  ; Dayre de Mailhol. Dictionnaire historique et héraldique de la noblesse française rédigé dans l'ordre patronymique. Paris. 2 tomes, 3 volumes. 1895 René Kerviler . Répertoire de bio-bibliographie bretonne. t. V .p. 125 à 217. Rennes. Plihon et Hervé. 1891 .
9Bautier Robert-Henri, «  La collection de chartes de croisades, dite « collection Courtois », Comptes rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, n°3, 1956, p ; 382-386 ; Forgeries et falsifications de documents par une officine généalogique au milieu du XIXème siècle. Bibliothèque de l'école des chartes. 1974. Vol. 32. N°132-1, p. 75 à 93
10Dom Hyacinthe Morice. Mémoires pour servir de preuves à l'Histoire de Bretagne. Paris. Ch. Osmont. 1764. t. II col.908
11Dom Lobineau. Histoire de Bretagne. Paris. Ed. François Muguet. 1707, t . II, col. 1418
12 Dom Hyacinthe Morice. op.cité . 1766. t.III, col.460
13Bernard Le Nail. Dictionnaire biographique de Nantes et de la Loire Atlantique; les hommes et les femmes qui ont fait la Loire Atlantique. Ed. Le Temps. 2010
14Louis Séguineau Leys. Histoire de Paimboeuf. Paimboeuf, Imp. F. Coyaud, 1912, p. 58
15 Archives départementales de la Loire Atlantique, 1M17. Note administrative.
16Le Chauff Henri. Souvenirs des zouaves pontificaux. 2 vol. T1 : lettres 1 à 51. T2 : lettres 52-93. Poitiers. Oudin puis J. Leday. 1861-1866
17 Ouvrage cité. T1, lettre 16, Anagni, le 24 juin 1861..
18 Butel Fernand. L'éducation des jésuites d'autrefois et d'aujourd'hui : un collège breton.Ed. Firmin Didot. Paris ; 1890. 1 vol. (VIII- 529 p.)
19Henri Le Chauff. Souvenirs des zouaves pontificaux. Lettre 3 ( extrait du serment prêté par les zouaves pontificaux). Rome 9 janvier 1861.
20 Bulletin de l'association amicale des anciens élèves de Saint-François-Xavier de Vannes. 1884.p.57
21Henri Le Chauff. Souvenirs de zouaves pontificaux. Lettre 2, Rome, 7 janvier 1861
22Ibidem. Lettre 92. Subiaco, 26 septembre 1866
23Ibidem. Lettre 20. Rome, 19 octobre 1861.
24Ibidem. Lettre Lettre 28. Rome, 31 janvier 1862
25Ibidem. Lettre Lettre 33. Marino, 14 avril 1862
26Ibidem. Lettre 87. Filettino, 26 mai 1866
27Bulletin de l'association amicale des anciens élèves de Saint-François-Xavier de vannes. 1884. p. 59
28cf. note 15
29Ibidem. Lettre 79. San Lorenzo, 21 janvier 1866
30Le pronom en renvoie à la complainte de Serpolet, chat tué et servi en ragoût à son maître
31Ibidem. Lettre 72. Frascati, 20 juillet 1865
32Cf p. 13 de ce dossier.
33Ibidem. Lettre 35, Rome, 19 avril 1862
34Ibidem. Lettre 59, Frascati, 27 décembre 1864.
35Ibidem. Lettre 77, Prossedi, 29 décembre 1865
36Ibidem. Lettre 36, Rome, 25 avril 1862
37Ibidem. Lettre 76, Rome, 19 décembre 1865
38Ibidem. Lettre 36. Rome, 25 avril 1862
39Ibidem. Lettre 87. Filettino, 26 mai 1866
40Ibidem. Lettre 33 . Marino, 14 avril 1862
41Ibidem. Lettre 40. Marino, 12 mai 1862
42Ibidem. Lettre 2. Rome , 7 janvier 1861
43Ibidem. Lettre 20. Rome, 19 octobre 1861
44Ibidem. Lettre 41. Marino, 24 mai 1862
45Ibidem. Lettre 47. Rome, 28 juin 1862
46Ibidem. Lettre 20. Rome, 19 octobre 1861
47Ibidem. Lettre 40. Marino, 12 mai 1862
48Ibidem.Lettre 91. Rome, 4 septembre 1866
49Ibidem. Lettre 47. Rome. 28 juin 1862. L'incident est relaté dans les colonnes du journal Le Monde, le 24 juin 1862.
50Ibidem.Lettre 47. Rome. 28 juin 1862. Commentaire de François Le Chauff, frère d'Henri
51Ibidem.Lettre 87. Filettino. 26 mai 1866
52Ibidem. Lettre 5. Monte Rotondo. 31 janvier 1861
53Ibidem. Lettre 16. Agnani. 24 juin 1861
54Ibidem. Lettre 20. Rome. 19 octobre 1861
55Ibidem. Lettre 33. Marino. 14 avril 1862
56Ibidem. Lettre 36. Rome. 25 avril 1862
57Ibidem. Lettre 47. Rome. 28 juin 1862. Cf. p. 17 du dossier.
58Ibidem. Lettre 50. Rome. 16 août 1862
59Ibidem. Lettre 60. Frascati. 9 janvier 1865
60Ibidem. Lettre 73. Kerguenec . 30 septembre 1865
61Ibidem. Lettre 77. Prossedi. 29 décembre 1865
62Ibidem. Lettre 78. Prossedi. 7 janvier 1866
63Ibidem. Lettre 79. Post-scriptum. San Lorenzo, 21 janvier 1866.
64Ibidem. Lettre 81. Prossedi. 12 février 1866
65Ibidem. Lettre 82. Prossedi. 3 mars 1865
66Ibidem. Lettre 87. Filettino. 26 mai 1866
67Ibidem. Lettre 91. Rome. 4 septembre 1866
68Ibidem.. Lettre 6. Rome. 6 février 1861
69Ibidem. Lettre 79. San Lorenzo, 21 janvier 1866
70Délibérations du conseil municipal de La Turballe, séance du 25 février 1866
71Henri Le Chauff. Souvenirs des zouaves pontificaux t.1, lettre 24. Rome, 29 novembre 1861
72Yves-Frédéric Jaffre. Le procès du Petit Clamart . p. 577-578 . Nouvelles éditions latines.1963. Alain de Bougrenet sera condamné à mort, le 4 mars 1963. Sa peine est commuée en détention criminelle à perpétuité. En mai 1968, il sera libéré sur ordre du Général de Gaulle. Il meurt le 9 janvier 2009 à Cavaillon.
73Thibaut de La Tocnaye, né en 1958, est membre du bureau politique du FN, conseiller régional FN PACA depuis mars 2004, conseiller municipal de Cavaillon depuis mars 2014.
74Louis Veuillot, écrivain et journaliste catholique, correspondance à sa fille Lucie, suite à sa visite datée du 5 septembre 1872, dans la famille de la Tocnaye à Guérande . Palme. 1885 ; Colonel Paul Legrand. Le manoir de Bréhet, cahiers des Amis de Guérande, n°21. 1974-1975, p. 10 à 14

75Bulletin de l'association amicale des anciens élèves de Saint-François-Xavier de Vannes. 1884. p.59 et p. 57

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